Marine Pédéhour (enseignante-chercheuse à l’Université Radboud de Nimègue) a récemment mis en place une série d’ateliers conviviaux en ligne, dans le but de rassembler les étudiants confinés autour d’une série d’activités à la fois théoriques et pratiques. Il s’agit entre autres de cuisiner ensemble, d’échanger autour de la musique et du cinéma francophones, et de discuter de sujets de société. Les deux premiers ateliers, qui étaient consacrés à la gastronomie française, lui ont inspiré cette réflexion sur les apports positifs d’une telle initiative en ces temps d’isolement social.
Les confinements se succèdent en France et aux Pays-Bas et n’ont de cesse de soulever de nouvelles incertitudes, de nouveaux questionnements et de multiples défis. Face à des étudiants parfois démotivés et se sentant souvent seuls, il est primordial de conserver un lien et une dynamique de groupe. Comment faire, alors, pour rompre l’isolement des jeunes ? Les ateliers interculturels peuvent-ils constituer une solution partielle à ce problème?
“Via de online ateliers ben je op een gezellige, laagdrempelige manier met het Frans bezig. Je houdt je taalvaardigheid bij, terwijl je tegelijkertijd ook de cohesie binnen de opleiding versterkt.” – Amber
Il existe plusieurs formes d’interactions en ligne mais cet exemple de best practice semble être un excellent moyen de rompre l’isolement des étudiants, en plus des nombreux avantages pédagogiques qu’ils présentent. Ces ateliers constituent une combinaison d’apprentissage pratique et théorique. Ils font appel à diverses compétences langagières, principalement orales, et permettent aux étudiants de se retrouver ailleurs que dans une salle de classe virtuelle. Loin des cours en ligne, dont nous avons tous désormais l’habitude, ces sessions permettent aux jeunes de s’instruire différemment, de vivre l’apprentissage d’une langue et la cohésion de groupe autrement. Afin de préparer ces ateliers, il est conseillé à leurs animateurs d’anticiper plusieurs activités permettant de travailler alternativement compétences « théoriques » puis « pratiques ». Les documents nécessaires au bon déroulement de ces séances sont toujours envoyés à l’avance aux participants, afin de leur permettre de s’organiser sereinement dans un cadre bien défini.
Il est important de diversifier les activités, au cours de ces ateliers, afin de travailler différents aspects sociaux, culturels et linguistiques. Les premières d’entre elles se déroulent souvent sous forme de petits groupes en ligne, où enseignants et étudiants de plusieurs niveaux et de différentes classes sont volontairement mélangés. Plusieurs outils comme le brainstorming, les débats, les questionnaires ou encore les exercices d’écoute sont mobilisés pour introduire le sujet de l’atelier en faisant appel à des compétences orales (compréhension et production). Ces activités constituent non seulement la partie théorique des séances, mais sont aussi un moment propice pour faire connaissance.
Ces ateliers ont donc pour avantage de rassembler enseignants de différentes matières et étudiants de diverses promotions. Ils permettent de fédérer des groupes, et ainsi, de (re)créer du lien pour les étudiants en manque de contacts sociaux. Loin de se vouloir formels, ils sont au contraire un espace d’expression ouvert, à l’inverse du cadre parfois plus rigide d’une salle de classe.
“Daarnaast is het leuk dat er binnen zo’n evenement vaak verschillende dingen aan bod komen, zoals een pubquiz, opdrachten in kleine groepjes en natuurlijk het bakken zelf. Zo is er voor ieder wat wils!” – Gabriëlle
Après le temps des activités théoriques vient celui de la mise en pratique qui permet aux participants de donner du sens à l’apprentissage théorique, tout en s’amusant. Dans notre cas, les ateliers se concentraient sur la gastronomie française (la galette des rois et le repas de Noël) dont nous avons avions abordé certaines particularités lors de la découverte théorique. L’occasion, donc, de cuisiner ensemble chacun à son rythme mais aussi de bousculer certaines idées reçues sur la gastronomie néerlandaise et les habitudes culinaires des français. Tous avaient reçu à l’avance la recette et la liste des ingrédients afin de pouvoir anticiper leur participation. Bien entendu, ce qui s’applique pour la gastronomie vaut également pour tout autre thème choisi. La partie pratique constitue souvent celle où les participants peuvent s’exprimer librement, apprendre différemment, et échanger sur des sujets parfois loin de ce que nous sommes en train de concocter.
Pour terminer la séance sur une note conviviale, on peut envisager la mise en place de jeux tels que le Kahoot ou le Pubquiz. C’est l’un des aspects majeur de ces ateliers, car c’est là que réside aussi la création de souvenirs communs que les étudiants partagent ensemble et avec nous.
“Gezellig met docenten en studenten samen iets bakken, tegelijkertijd je Frans bijhouden en veel lachen samen: de online ateliers zijn wat mij betreft echt een lichtpunt in deze roerige tijden!” – Amber
La particularité de ces ateliers, en temps de confinement, est donc de créer des moments de convivialité afin de rompre l’isolement dont souffrent de plus en plus d’élèves et d’étudiants privés de l’opportunité de retrouver leurs camarades. Le moment de partage ne s’arrête pas quand se finit l’atelier. Il ne fait que commencer et se poursuit par des échanges de souvenirs et des photos des créations réalisées. C’est bien là l’objectif : créer du lien et retrouver un sentiment de solidarité, comme dans une salle de classe ou dans les couloirs.
“Ik vind de online activiteiten ontzettend leuk omdat het op een nieuwe manier zorgt voor verbondenheid binnen de opleiding. Het is erg leuk om met z’n allen iets te bakken of een pubquiz te doen, omdat je op een andere manier met elkaar in contact komt.” – Gabriëlle
De plus, les ateliers interculturels de cuisine en ligne, incitent souvent les étudiants à se retrouver en famille ou entre amis pour partager ce qu’ils ont cuisiné. C’est donc pour eux une expérience qui va au-delà de l’apprentissage même d’une langue ou d’une matière, et qui a pour vocation de rompre l’isolement dont nombre d’entre eux sont actuellement victimes.