Olivia Rosenthal. Une écriture entre adhésion et distanciation
Editeurs: Morgane Kieffer (Université de Saint-Étienne) et David Vrydaghs (Université de Namur)
L’équipe de rédaction de RELIEF vous invite à proposer des articles pour un numéro spécial sur Olivia Rosenthal, qui paraîtra en décembre 2022.
Depuis la parution de Dans le temps en janvier 1999, l’œuvre d’Olivia Rosenthal n’a cessé de s’enrichir, empruntant des voies diverses : à l’écriture de fictions et de textes autobiographiques se sont ajoutés de nombreuses performances réalisées avec des cinéastes, des plasticiens ou des compositeurs, mais aussi des pièces de théâtre, des essais et des récits qui interrogent les limites habituellement assignées à la littérature (Murzilli, 2020). Rosenthal a également fondé avec Lionel Ruffel et Vincent Message un master de création littéraire à l’Université Paris 8 (Vincennes – Saint-Denis) en 2013, dont sont sortis plusieurs écrivains aux œuvres remarquées par la critique (Elitza Georguieva, Aliona Gloukhova, Anne Pauly, Samy Langeraert entre autres).
Au-delà de leur grande variété générique, les écrits de Rosenthal se caractérisent aussi, à partir d’On n’est pas là pour disparaître (2007), par l’intégration, au cœur des fictions ou des écritures autobiographiques, de ressources documentaires sous la forme, le plus souvent, d’entretiens réalisés et réécrits par l’auteure. Ces voix créent des réseaux de propositions « autour de problèmes communs » (Huppe 2017), notamment au travers des écarts ou de disjonctions entre elles-mêmes et le texte qui les abrite (Gris, 2016 ; Demanze, 2020). Apparaît alors de façon très visible ce qui se jouait déjà en sourdine dans les premiers textes : un mouvement de l’écriture, contradictoire ou dialectique – on en jugera –, entre des procédés de distanciation, créant une forme de rupture dans la communication littéraire – ainsi de l’incursion de témoignages de spécialistes dumonde animalier dans un récit autobiographique (Que font les rennes après Noël ? (2010)) –, et des mécanismes d’adhésion, telle l’immersion fictionnelle sensible dès l’incipit de Mécanismes de survie en milieu hostile (2014) et Éloge des bâtards (2019).
C’est ce principe fondateur d’oscillation entre écart et captation qui sera choisi comme porte d’entrée par ce dossier pour traverser l’œuvre rosenthalienne. Si cette dernière a très tôt retenu l’attention de la critique spécialisée et académique, seule une journée d’étude, qui s’est tenue en 2012 à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne et dont les actes viennent de paraître (Demanze et Gris, 2020), lui a été pleinement consacrée jusqu’à présent. Dans le prolongement de ces premières analyses de l’œuvre, le présent dossier ambitionne de prendre la mesure de cette écriture selon une variété d’approches, allant de la poétique des genres à la sociologie des pratiques littéraires. Une convergence de vues s’opèrera toutefois à travers la saisie de ces deux mécanismes au fondement de l’œuvre : l’adhésion et la distanciation.
Les propositions de contributions pourront s’inscrire dans l’un des axes suivants :
- Les pratiques créatrices hors du livre, interrogées par l’autrice elle-même (en collaboration avec Lionel Ruffel, 2010), en ce qu’elles s’éloignent de la conception dominante de la littérature comme ensemble d’œuvres éditées pour investir des formes et des lieux rares tout en témoignant d’un attachement à un imaginaire littéraire et esthétique : performances, spectacles, adaptations cinématographiques, résidences, collaborations artistiques, dispositifs (Murzilli, 2012), etc. ;
- Les relations, institutionnelles notamment, entre la pratique de recherche et la pratique littéraire elle-même (recherche-création) ;
- Les effets de la dynamique de distanciation et d’adhésion, par exemple en matière d’humour (Chaudier, 2020) ou sur l’herméneutique elle-même, dont certains chercheurs ont déjà montré qu’elle était questionnée par l’œuvre rosenthalienne (Mouton-Rovira 2018) ;
- Les rapports (dialogues, convergences ou confrontations) que l’œuvre rosenthalienne entretient avec d’autres textes, contemporains ou passés, qu’il s’agisse de proximités d’ordre poétique (Jollin-Bertocchi, 2012) ou d’ordre thématique (Trudel, 2017).
Les propositions d’article, d’environ 300 mots, accompagnées d’une brève notice biographique, doivent être envoyées à morgane.kieffer@univ-st-etienne.fr , david.vrydaghs@unamur.be et revuerelief@gmail.com pour le 15 octobre 2021 (une réponse sera apportée pour le 31 octobre 2021).
Les auteurs des propositions retenues devront soumettre l’article complet (6000 à 8000 mots, en français ou en anglais) pour le 31 mars 2022. Les articles seront ensuite soumis à un comité d’expertise en double aveugle (processus de peer review).