Relief 17.1: La science-fiction et l’enseignement du politique

Édité par Colin Pahlisch et Gaspard Turin

Depuis les années 1930, la science-fiction a interrogé les multiples manières dont les technologies influent sur notre vivre-ensemble, au point de proposer des reconfigurations des règles de la société. Par ce biais, comme par d’autres qui lui sont propres, elle aura régulièrement favorisé un renouvellement de notre compréhension de la politique. Ceci est une évidence pour son lectorat. Ce qui l’est moins, c’est sa capacité à nous interroger sur le politique, c’est-à-dire sur les remises en question et les réinventions de nos façons de vivre en communauté. Si nous reposons la vieille question consistant à interroger la capacité de la SF à changer le monde, nous le faisons ici à nouveaux frais: ceux de son enseignement, qui selon toutes probabilités se popularise à l’école de façon exponentielle depuis quelques années. À penser la classe comme terrain propice pour réinventer nos gouvernances futures, nous nous préparons à ce futur, comme dans le même mouvement nous élaborons une méthodologie de la transmission qui intègre plus directement le principe démocratique. Les contributions de ce dossier présentent toutes des réflexions allant dans ce sens. Si l’heure n’est plus (seulement) à une lecture privée et récréative de la SF, il est temps de repenser ces corpus en leur donnant le temps et l’espace institutionnels qu’il méritent afin qu’ils deviennent les vecteurs d’un changement, institutionnel, social, éthique et politique, dont il n’est plus possible aujourd’hui de faire l’économie.

Sommaire

Colin Pahlisch et Gaspard Turin, « Enseigner la science-fiction dans ses perspectives politiques »

Marc Atallah, « La science-fiction est fondamentalement un art critique » : enseigner la littérature de science-fiction pour éduquer au contre »

Estelle Blanquet, « Le Vagabond de l’espace de Robert Heinlein : un roman pour interroger le rapport des élèves à l’autorité »

Mohamed Sami Alloun, « Gnoséologie de la résistance dans le récit du posthumain. Politique et transhumanisation chez Mireille Gagné et Alain Damasio »

Cléo Collomb, « « Ceux qui sont partis d’Omelas ». Littérature et science-fiction dans une formation en génie mécanique et productique »

Amélie Vallières et Emmanuelle Lescouet, « Dystopie et séries young adult : former l’imaginaire politique des adolescent·e·s »

Jérôme David, « Figurer l’anthropocène : J.-H. Rosny aîné, 1911-1912 »

Eve Seguin et Laurent-Olivier Lord, « Bruno Latour’s Second Theory of Cosmopolitics and the Star Trek Cosmogram »

Colin Pahlisch et Gaspard Turin, « Table ronde : dangers et vertus de l’enseignement de la science-fiction »

Frédéric Guignard, « “Mettre à distance les obscurités contemporaines, c’est ce que permet la science-fiction.”  Entretien avec Anne Besson »

Colin Pahlisch et Gaspard Turin, « “Ce roman m’a permis d’inventer concrètement une société nouvelle.”  Entretien avec Antoinette Rychner »

Frédéric Guignard, « Compte rendu de Anne Besson, Les pouvoirs de l’enchantement. Usages politiques de la fantasy et de la science-fiction »

Sébastian Thiltges, « Compte rendu de Günther Anders, Dix thèses sur Tchernobyl »

Manet van Montfrans, « Compte rendu de Pierre Bergounioux, Carnet de notes, 2016-2020 »

Corentin Lahouste et René Audet, « S’affranchir du rapport médusant de l’idée d’œuvre littéraire : balises critiques sur la performativité et la réception des arts littéraires »

Leïla Ennaïli, « Raccommoder un monde à la dérive en mettant à jour les liens qui nous unissent dans Jours d’exil de Juliette Kahane »